Module 2b —
Rédaction de rapports
et de documents
structurés
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Choisir entre le style descriptif ou analytique
Les principaux styles rédactionnels utilisés au BIT sont les genres narratif, descriptif, informatif, et analytique ou argumentatif. Les modèles employés par le BIT sont excellents pour guider la présentation du travail; toutefois, ils ne peuvent contrôler le contenu de ce dernier.
Pour différencier les genres, attardons-nous à deux exemples tirés d’un rapport sur le travail forcé au Myanmar (exemple A) et d’un rapport sur la pauvreté dans le monde (exemple B).
Exemple A
| Selon les estimations du BIT, au moins 12,3 millions de personnes dans le monde sont aujourd’hui victimes du travail forcé. La plupart vivent en Asie, où près des deux tiers sont exploités à des fins économiques par des acteurs privés. Dans quelques pays comme le Myanmar, 20 % des situations de travail forcé sont imputables à l’État. Un cinquième environ des personnes assujetties au travail forcé sont victimes de trafiquants de main-d’œuvre mais les chiffres varient fortement selon les régions. Le trafic de main-d’œuvre représente moins de 20 % des cas de travail forcé en Asie, en Amérique latine et en Afrique subsaharienne, mais plus de 75 % au Moyen-Orient, dans les pays industrialisés et les pays en transition. |
Exemple B
On constate que c’est en Afrique subsaharienne que la proportion de la population pauvre (vivant avec un dollar des États-Unis par jour ou moins) est la plus forte — près de la moitié de la population totale — en 1990 comme en 2000. Vient ensuite l’Asie du Sud, pour laquelle les chiffres sont aussi très élevés. En 2000, la proportion de la population pauvre était plus de deux fois plus forte en Afrique subsaharienne (49 pour cent) que dans l’ensemble des régions considérées (21,6 pour cent). En Afrique subsaharienne, par contre, la proportion est restée presque la même, malgré la croissance enregistrée et le développement. De 241 millions en 1990, le nombre des habitants classés dans la population pauvre est passé à 323 millions en 2000. Pour présenter les choses différemment, les économies africaines ne sont pas parvenues, globalement, à réduire au cours de ces années la probabilité de pauvreté des individus ou des ménages. Pour contrer la pauvreté, il faudrait donc créer des emplois et augmenter la productivité dans cette région du monde. |
À première vue, ces deux extraits paraissent semblables relativement au style rédactionnel, et ils sont d’égale longueur. Toutefois, un examen plus détaillé révèle que la rédaction a utilisé des stratégies différentes pour exprimer ses propos. L’exemple A est de nature descriptive avec des insertions narratives, alors que l’exemple B synthétise la situation et comporte une note personnelle analytique à la fin du dernier paragraphe.
Un texte descriptif ou narratif est caractérisé par le récit d’une situation, comme si une photo de cette situation était décrite centimètre par centimètre, sans appréciation personnelle ni analyse. En fait, si deux personnes étaient mandatées pour décrire ou raconter la même situation, on serait en droit de s’attendre au même résultat, hormis le vocabulaire utilisé et le mode de structuration.
Par un texte analytique, on interprète, on discute, on soupèse, etc. Chaque texte analytique doit cependant comporter une description succincte de la situation afin de permettre à la personne qui en prend connaissance de se situer avant de lire l’analyse de ladite situation. Les événements marquants doivent être décrits, mais la modération est de mise. Ainsi, l’aspect analytique d’un texte ne doit jamais céder la place à l’aspect descriptif, mais ce dernier doit être substantiel afin d’étayer l’analyse qu’il génère.
Dans les rapports, au BIT, les textes analytiques ou argumentatifs sont préférés aux descriptions et aux narrations, car il est nécessaire de connaître l’appréciation qu’ont les gens qui sont sur place, quant aux causes d’une situation ou l’anticipation des événements. Par contre, pour les documents structurés, il est préférable d’utiliser le style descriptif pour présenter l’information de manière neutre.
Comparez les phrases suivantes :
- Le nombre de rapports jugés insatisfaisants a chuté en 2005.
- Le nombre de rapports jugés insatisfaisants a chuté de 25 % en 2005.
- Le nombre de rapports jugés insatisfaisants a chuté de 25 % en 2005. En effet, les mesures entreprises par le BIT pour augmenter la qualité des rapports ont été efficaces.
Les trois phrases sont concises, mais la première manque de précision. La troisième phrase est certes plus longue, mais intègre une analyse de la constatation révélée dans la première partie de celle‑ci. L’interprétation l’emporte ici sur la description. Il faut toutefois se demander à quoi servirait la partie analytique sans la portion descriptive de cette phrase.