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![]() Module 1 — Pour une rédaction efficace |
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Qu’est-ce que la pensée critique? Développer la pensée critique, c’est prendre conscience de la valeur véritable des événements, au lieu de développer et de maintenir une vision simplificatrice des informations reliées à ces événements; c’est porter une attention particulière aux éléments qui permettent de fonder et d’organiser les jugements. Développer le jugement critique aide à relativiser les faits et à faire preuve de sens critique face au flux d’informations. La philosophie est considérée depuis longtemps comme l’une des disciplines contribuant le plus à la formation du jugement critique. Cette situation s’explique peut-être par le fait qu’à l’intérieur de cette discipline, une place importante est accordée à la logique, à la structure des raisonnements ainsi qu’à la valeur des jugements qui sont formulés. En réalité, nous pourrions dire que les philosophes eux-mêmes sont perçus comme des penseurs critiques. Selon Matthew Lipman5, la pensée critique s’appuie sur des critères pour juger; elle porte une attention particulière aux éléments qui permettent de fonder et d’organiser les jugements. Lorsque nous jugeons, nous utilisons régulièrement des raisons. Si nous disons, par exemple, que nous avons opté pour l’achat de telle voiture parce que nous la trouvions performante, la performance représente une raison à partir de laquelle il est devenu possible de porter un jugement sur les voitures, en général, et de guider le choix de l’achat d’une voiture, en particulier. Mais un critère est plus qu’une raison. En fait, il est une raison évaluée, négociée et qui fait l’objet d’un large consensus. Dans le cas précédent, pour que la performance soit considérée comme un critère, il faudrait d’abord se demander si elle représente une bonne raison pour déterminer l’achat d’un véhicule. Toujours selon Lipman, la question de la diversité des contextes joue également un rôle capital dans la pensée critique car ils nous permettent de prendre en compte la particularité de chaque situation, ce qui a un impact réel sur la manière dont nous formulerons nos jugements. Il n’est pas rare que nous devions modifier nos jugements en fonction des contextes dans lesquels ils prennent forme. Par exemple, nous considérons en général le meurtre comme une mauvaise action. Cependant, dans un contexte de légitime défense, cette position s’affine et se modifie. Lipman affirme aussi que la pensée critique tend à juger et est autocorrectrice. L’autocorrection est très importante, puisqu’elle nous porte à tenir compte de la dimension sociale qui est comprise dans l’exercice de la pensée critique. Nous disons généralement du penseur critique qu’il est une personne disposée à s’ouvrir aux arguments qui lui sont proposés par les autres. La diversité des opinions doit être au centre car notre propre perspective gagne à être alimentée par les pensées des autres. Dans ce contexte, modifier son point de vue n’est pas un signe de faiblesse, mais plutôt un indice à partir duquel nous pouvons inférer une écoute active, une ouverture et un désir d’enrichir ses conceptions personnelles. Ainsi, il est fort probable qu’un tel penseur serait conduit, un jour ou l’autre, à prendre conscience de la valeur des idées avancées, ce qui, le cas échéant, pourrait le conduire à modifier son point de vue original. En fait, notre capacité à modifier nos façons de voir ou nos manières d’agir est en grande partie proportionnelle à notre capacité à faire preuve d’écoute et d’ouverture. Pour manifester un tel comportement, encore faut‑il se considérer faillible et s’investir activement dans une recherche, quitte à s’apercevoir que les idées que nous avions au départ n’étaient peut-être pas nécessairement les meilleures. Il existe un lien intime entre la pensée critique et le jugement critique. Disons que l’exercice de la pensée critique correspond à un processus conduisant à l’élaboration de jugements critiques, ou mieux, de jugements pratiques. Ainsi, le jugement critique serait un résultat, c’est-à-dire le produit de l’activité de la pensée critique; pour porter des jugements réalistes il faut apprendre à mobiliser notre pensée critique. Pour mieux analyser la réalité et poser des jugements critiques, nous devons prendre le temps de réfléchir, d’évaluer la crédibilité des sources en nous appuyant sur des critères et des données objectives, de se poser des questions, de distinguer les faits des croyances et d’avoir une vision globale de la situation. De plus, il est important d’adopter des attitudes telles que l’ouverture d’esprit, l’humilité intellectuelle, l’impartialité et l’objectivité. 5. Matthew Lipman, Thinking in Education, New York, Cambridge, University Press, 2003. |
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